
La journée internationale des droits des femmes célébrée le 8 mars, se déroule en cette année 2022, dans un contexte de crise sociopolitique aiguë, marqué sur le plan international, notamment par la guerre en Ukraine, et sur le plan interne, par la flambée des cas de kidnapping qui ne cessent d'endeuiller la population haïtienne et appauvrir toute une classe sociale.
La lutte pour l’égalité des sexes et la dénonciation de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes ont toujours constitué la toile de fond des mouvements féministes mondiaux. En Haïti, cette lutte remonte très loin jusqu’à l’époque coloniale où des femmes courageuses combattirent également contre l’esclavage aux côtés de nos héros pour arracher leur liberté, faire respecter leur dignité et leur droit à la vie. Les efforts se sont poursuivis au fil des ans, et des figures de proue se sont signalées.
Malheureusement aujourd'hui, le peu de progrès enregistré dans ce secteur saute aux yeux. Les résultats sont peu visibles pour tant d’années de combat sans relâche. La création du ministère à la condition féminine et aux droits des femmes en novembre 1994 ainsi que le quota des 30% du genre féminin dans les instances décisionnelles, figurent parmi les minces avancées qu’on connaît jusqu'à date. Cependant, les organisations féministes, face au constat de la sous-représentation des femmes dans l’espace public et les postes de décisions, loin de baisser les bras, continuent à réclamer la participation pleine et effective de ces dernières et leur accès à ces instances, tout en exigeant le respect de ce quota qui reste une pure théorie. En témoignent la configuration des différents cabinets ministériels et l’absence de politique visant à mieux vendre les femmes qui se portent candidates aux différents niveaux des élections en Haïti.
Par ailleurs, les obstacles restent nombreux. Certains de nos textes de lois sont désuets. Haïti a signé et ratifié des traités internationaux dans ce domaine, qui devraient favoriser l’intégration des femmes. Mais nos autorités sont incapables de garantir le respect des droits de ces dernières. L’impunité qui s’installe dans le pays ne cesse d’aggraver la situation. Pour la première fois dans notre histoire de peuple, les trois pouvoirs de l'État (exécutif, législatif et judiciaire) sont absents, ce qui fragilise beaucoup plus notre démocratie et nos institutions républicaines.

En cette journée du 8 mars, des efforts doivent être consentis par nos autorités, non seulement pour combattre l’insécurité, la violence sexuelle, éradiquer les cas récurrents de kidnapping, mais aussi garantir le respect des droits de la femme, renforcer les institutions et consolider notre démocratie. Si, sombrant dans le pessimisme en raison du cours tragique des événements, certains pensent que l’égalité des sexes en Haïti ne sera possible que dans un avenir lointain, d’autres au contraire, estimant que la lutte est continuelle, encouragent les femmes à continuer à se battre pour briser les barrières qui empêchent leur pleine intégration sans le favoritisme. Ces derniers en plaident également en faveur d’une synergie entre les différents groupes sociaux afin de forcer les autorités à garantir le respect des droits de la femme à travers notamment le renforcement des institutions. Ils attribuent le non-respect de ces droits, entre autres, à l’instabilité politique et la précarité des conditions de vie de la majorité qui alimentent la division entre les classes sociales.
Marcso. DARBOUZE