
Voilà maintenant trente-sept ans depuis la chute de la dynastie de Duvalier ! Un régime qui comprend, d’abord, François Duvalier (Papa Doc), ensuite, Jean-Claude Duvalier (Baby Doc), qui a succédé son père, au titre de président à vie, a passé plus de vingt-neuf ans sur le pouvoir. Ce gouvernement est accusé d’avoir commis toutes sortes de crimes contre le peuple haïtien, comme : persécutions politiques, viols, vols, arrestations arbitraires, tortures, exécutions sommaires, emprisonnement, déportations, assassinats, et enlèvements. Fatiguée de vivre dans la misère et de faire face aux exactions du régime, la population s’est décidée de sortir dans la situation de résilience dont elle se trouvait pendant 29 ans, pour se soulever contre ce régime.
Suite à ce soulèvement, la constitution adoptée le 29 mars 1987 par referendum populaire, désigne la date du 7 février comme une force symbolique qui signifiait, pour la personne élue, qu’elle accepte de s’engager dans une vraie transition démocratique en rupture avec le règne arbitraire. Ce qui veut dire que le 7 février est considéré comme une étape importante dans la lutte démocratique en Haïti. Mais la conjoncture de crises qui persiste depuis près de 5 ans jusqu’à nos jours, témoigne la non-application de la constitution.
Par ailleurs, depuis bien avant ce soulèvement, la situation de la population était fragile et précaire, occasionnée par le système de corruption des Duvaliers. En effet, suite à cette chute, la situation reste inchangée et devient, au contraire, de plus en plus difficile que sur le plan politique, économique et idéologique. Il est également constaté qu’avec la crise sécuritaire que traverse le pays où des gangs armés encerclent la ville en contrôlant les routes d’accès et de sortie, l’économie du pays s’enfonce dans une récession incontrôlable, et l’instabilité politique qui est considérée comme l’ennemi du développement reste inchangée. Cette instabilité politique provoque aussi des effets néfastes sur le plan idéologique car, beaucoup de personnes se font assassiner, uniquement, pour leurs idées. Une situation qui expliquerait le mépris de la liberté d’expression en Haïti.
Encore aujourd’hui, la société haïtienne porte les cicatrices du duvaliérisme. Depuis les mandats de Jean-Bertrand Aristide, des années 1990 et 2000, le pays fait face à une crise multidimensionnelle : sociale, économique, politique, institutionnelle. Puis, avec les régimes qui ont suivi, la situation du pays s’est dégradée au point de devenir explosive. En fait, bien que l’un des handicaps du pays a toujours été l’impunité mais, sous certains régimes, il est devenu l’un des problèmes fondamentaux en Haïti. Ce sont des choses qui prouvent que l’avenir de la démocratie et l’État de droit est menacé dans le pays. En effet, c’est cette même banalisation de la justice qui a provoqué, il y a exactement dix-neuf mois, l’assassinat du président Jovenel Moïse au pouvoir. Ainsi, avec le système judiciaire qui est en dysfonctionnement, le crime perpétré sur la personne du président Jovenel Moïse dans la nuit du 7 juillet 2021, risque d’être passé sous silence.
Enfin, il est possible de dire que la situation actuelle du pays est le résultat à long terme de la crise du 7 février 1986 et à court terme des régimes qui ont succédé, qui ont utilisé le pouvoir politique uniquement à des fins d’enrichissement, par les moyens de la corruption et des groupes armés. Alors, pour freiner cette crise, il faut que tout le monde se sente concerné par ce que traverse le pays, pour pouvoir être en mesure de penser les moyens qui sembleraient indispensables pour freiner cette situation chaotique, devenue chronique, accompagnée d’une insécurité omniprésente dans la majeure partie du pays. Dans ce cas, quels seraient les méthodes applicables nécessaires pour faire face à cette crise qui ravage le pays ?
Immacula JEAN