EDMOND MANGONÈS

EDMOND MANGONÈS

Né à l’Anse-à-Veau, commune d’Haïti, situé dans le département des Nippes, le 25 septembre 1883, Philippe Auguste Edmond Mangonès était le benjamin d’une famille qui comptait huit enfants dont cinq filles et trois garçons. Très jeune, il fut envoyé à Port-au-Prince où il fit de solides études à l’institution Saint-Louis de Gonzague.

Edmond Mangonès Edmond Mangonès s’est, de façon constante, occupé d’exploitations agricoles et il est resté fidèles à l’agriculture jusqu’à la fin de sa vie.

Pourtant, en 1913, Mangonès fut élu Député de Saltrou, appartenant ainsi à la 26ème législature. En 1922, il fut élu Maire de Port-au-Prince et il se retrouva à ce même poste en 1942. De là, il passa au Sénat de la république.

Mangonès eut le privilège d’accomplir deux missions, à l’étranger, au service du pays. Il représenta Haïti en 1935 avec Messieurs Antoine Pierre-Paul et Justin Barrau, à la Conférence de Montevideo où, à cette occasion, le Secrétaire d’État Américain, Cordell Hull, lança la Politique de Bon Voisinage que préconisa le président Franklin Delano Roosevelt.

En 1944, il présida avec le Dr Jean Price Mars et Me Edouard Cassagnol comme membres, la délégation haïtienne qui participa à la conférence Archéologique de la Havane.

Dès son plus jeune âge, Edmond Mangonès possédait à un degré très poussé l’amour des livres qui devient passion avec le temps.

Malet, par sa mère dont le grand père fut signataire de l’Acte de l’Indépendance, il entreprit de connaitre notre passé si glorieux et si méconnu dans ses détails essentiels. Il se mit à collectionner : timbres-poste, pièces de monnaie, objets historiques, curiosités précolombiennes, œuvres d’arts, etc. Avec le déroulement du temps, il est arrivé à posséder dans le monde la plus riche collection de livres, de documents, de manuscrits se rapportant à Haïti ou aux Haïtiens. Pour lui « connaitre l’histoire de ce pays, c’est lui éviter les ennuis qu’il a connus dans le passé »

Quand la campagne nationaliste livra tous les assauts contre les occupants américains, Mangonès contribua à fonder la Société d’Histoire et de Géographie d’Haïti : et en 1928, il lança en pleine bataille patriotique pour la désoccupation d’Haïti le plus prestigieux journal de l’époque, La Presse qui groupait les meilleurs écrivains.

Soucieux de démêler l’écheveau de nos complexes hérédités, Edmond Mangonès interrogea l’Ethnographie et aida feu Jacques Roumain à créer le Bureau d’Ethnologie dont il eut la succession à là de l’auteur de « Gouverneurs de la Rosée »

À la fin de ses jours, il a constitué avec l’assentissement de son épouse, de ses enfants, « la Fondation Edmond Mangonès » qui met tous les livres, les imprimés, les manuscrits, les objets historiques et autres à la disposition du pays et surtout de la jeunesse.

C’est le cadeau le plus précieux qu’un intellectuel ait pu fait

Le vendredi 19 mai 1967, Edmond Mangonès est mort, à 84 ans. Une lourde perte pour la Nation !

Si le profane ignore quel capital culturel représentait Mangonès, l’intellectualité haïtienne qui faisait à tout moment appel à lui ressentira longtemps encore cette douloureuse disparition.

Extrait du texte de Maurice A. Lubin.

(Texte paru dans la Revue de La Société Haïtienne d’Histoire, de Géographie et de Géologie, no. 112 (Mai 1967) : 1–3

Edmond Mangonès Quelques années plus tard la BHS a reçu en don de la Famille Mangonès sa riche bibliothèque constituée de plus de 2000 ouvrages ainsi que d’une centaine de boites contenant ses archives personnelles qui renferme des documents, des manuscrits, des articles de presses se rapportant à Haïti ou aux Haïtiens. C'est sans nul doute l'une des bibliothèques les plus vastes et complètes de Haïti, et peut-être l'une des plus importantes collections privées du monde, en ce qui concerne la région caraïbe. Un grand nombre de volumes qu'elle contient a trait à l'histoire agitée de Haïti, vue aussi bien en tant que colonie la plus prospère du monde, qu'en tant que deuxième état moderne à avoir déclaré son indépendance dans l'hémisphère occidental. Beaucoup, parmi ces ouvrages, sont extrêmement rares, et peut-être même quelques-uns sont-ils des exemplaires uniques de documents inestimables aux yeux des spécialistes de Haïti et des Antilles. (Source Catalogue de la collection Mangonès. - Antilles research program)